Les courants religieux influencés par l’Évangile selon Thomas


Au début du Christianisme, des cercles judéo-chrétiens ont certainement utilisé l’Évangile selon Thomas. Un certain nombre d’indices vont dans ce sens, comme le douzième logion par exemple, qui traite de la gouvernance de la première communauté judéo-chrétienne basée à Jérusalem. La plupart des rédacteurs des autres écrits religieux trouvés à Nag Hammadi, qualifiés de gnostiques, se sont inspirés, de près ou de loin, de l’EsT. 

Le Manichéisme :

Originaire de Perse, un carrefour entre l’Orient et l’Occident, celui-ci fut fondé par Mani, issu d’une secte judéo-chrétienne gnostisante, les Elkasaïtes, durant le IIIe siècle. Cette religion s’est rapidement répandue à travers tout le Moyen-Orient, puis en Afrique du Nord, et même jusqu’en Gaule et en Chine. Les Chrétiens s’y opposèrent vivement.


Mani, le fondateur du Manichéisme
Mani, le fondateur du Manichéisme

Le terme de « manichéen » est passé dans le langage courant pour signifier une conception sans nuances, sans état intermédiaire, où le bien et le mal sont clairement définis et antinomiques. Il s’agissait d’une religion dualiste,[1] basée sur l’opposition entre la lumière et les ténèbres, une opposition que l’on retrouve dans l’EsT, mais sous une forme amoindrie.[2] Ce courant de pensée prônait la nécessaire libération du monde terrestre à travers la connaissance et les réincarnations Des découvertes archéologiques ont montré que Mani, et ses suiveurs, se sont Inspirés de l’EsT.[3] Vers 1930, ont été retrouvés en Égypte, au Fayoum des textes manichéens, dont en particulier un recueil de psaumes qui reprennent certains logia de l’EsT presque mot à mot. Cette religion a influencé des « hérésies » médiévales comme celles des Bogomiles en Europe du Sud-Est et des Cathares (aussi appelés les Albigeois).

Le Catharisme :

C’est un courant religieux, apparu au XIe siècle, qui s’est rapidement répandu surtout dans le sud de la France. Pour les Albigeois, Jésus est venu sur terre pour révéler aux hommes leur origine divine et leur montrer le moyen de retourner à la Source, une idée que l’on retrouve dans l’EsT. Ils rejetaient l’Ancien Testament et Yahvé.
Voici un extrait d’une parabole de ce courant religieux qui aurait fort bien pu figurer dans l’EsT : « Le fermier retourne à la maison d’où il est venu, ayant accompli la tâche pour laquelle il est venu et ayant récolté et rassemblé ce pour quoi il était venu, pour l’ajouter à son récipient. »[4] On y trouve des parallèles avec les logia 88 et 97 notamment.
Rome a lancé, à partir de 1208, des croisades pour éradiquer cette « hérésie ». L’Inquisition, créée juste avant, prit part à cette lutte sans merci. De nombreux massacres furent commis, comme à Béziers en 1209, où environ 20.000 hommes, femmes et enfants, furent massacrés. Les régions contrôlées par les Cathares rentrèrent ensuite progressivement dans le giron de l’Église.


La forteresse cathare de Montségur
La forteresse cathare de Montségur

Extraits de mon livre « Explorer son Royaume Intérieur » paru chez Bookelis


[1] Une religion dualiste se caractérise par l’opposition de deux principes, le bien et le mal. A noter que ce terme est aussi utilisé pour qualifier une conception où Dieu et l’homme sont séparés.
[2] Dans les logia 3 ou 61b par exemple.
[3] Le « décret de Gélase » (IVe ou Ve siècles), qui contient une liste de textes apocryphes, va dans ce sens.
[4] La « maison » représente la Source de vie, le Royaume de Dieu, la « récolte » le fruit du travail spirituel de cet homme sur terre, ce qu’il a « rassemblé », la connaissance et l’expérience acquises, et le « récipient » l’âme du fermier.

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