Pourquoi les textes de Nag Hammadi ont-ils été cachés ?


Les historiens du début de la Chrétienté estiment qu’il y avait plusieurs dizaines d’évangiles en circulation durant les trois premiers siècles de notre Ère, dont les Évangiles selon Thomas et selon Philippe sur lesquels je m'appuie. Mais à la fin, il n’en restera que quatre suite aux circonstances que nous allons voir.

Au IVe siècle, le Christianisme a changé de statut.


Pendant les trois premiers siècles de notre Ère, un certain nombre de Chrétiens ont été martyrisés par les autorités romaines, et ceux-ci ont eu tendance à être solidaires malgré leurs divergences.
La tolérance entre les différentes communautés chrétiennes et judéo-chrétiennes prit fin brutalement après la conversion de l’empereur Constantin (280-337).  La tradition la situe en 312, suite à une vision reçue peu avant la bataille victorieuse du Pont Milvius. Dès lors, les choses s’enchaînèrent progressivement et le concile de Nicée fut convoqué par l’empereur Constantin en 325 afin d’établir la divinité de Jésus-Christ. En effet, pour l’auguste souverain, il n’était pas question d’établir une nouvelle religion pour l’Empire sans que sa figure de proue ne soit un dieu. La « grande Église » a alors, grâce au support de Constantin, supplanté les autres communautés chrétiennes, dont les Gnostiques, au cours du IVe siècle. Sans l’ingérence de cet empereur, on peut penser que diverses tendances de la Chrétienté auraient continué à coexister, de la même manière qu’en Inde, plusieurs visions spirituelles cohabitent.
À cette époque, pour confirmer la primauté de la nouvelle religion de l’Empire, le besoin d’une doctrine unique s’est imposé. Pour l’Église de Rome, la liste de tous les textes du Nouveau Testament (le « Canon ») figure dans le décret du pape Damase publié à l’issue du synode de Rome en 382. La liste officielle des écrits de l’Ancien Testament fut, à son tour, confirmée par les conciles de Carthage.[1] 
Progressivement, il fut interdit de posséder ou même de lire les textes jugés hérétiques. Des décrets successifs, en particulier de l’évêque Athanase d’Alexandrie (c. 298-378) ordonnèrent leur destruction.

Extraits de mon livre « Explorer son Royaume Intérieur » paru chez Bookelis


[1] En 397, puis en 419.

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